Crise économique et petites culottes
"Ce qu'il nous faut, c'est un mort" est un polar, oui. Un polar qui se joue en Normandie, en plein démantèlement d'une entreprise de lingerie, qui mettra en péril tout le village de Vrainville. Mais c'est surtout un polar qui est bien plus qu'un polar. Il humanise chacun des nombreux personnages, même secondaires, en nous disant d'où ils viennent, en parlant de leurs rêves et des espoirs qui les ont menés là où ils sont. C'est une belle chose. Et quand on combine cette chose à l'extraordinaire histoire de la création d'une entreprise familiale, dont la réussite ou la faillite influe directement sur une quantité phénoménale de vies humaines (que nous connaissons donc en détail et dans lesquelles nous nous retrouvons parfois), tout ça donne à ce roman un énorme aspect d'épopée collective. Et c'est au final bien plus qu'un roman social, c'est un roman humain. Une réflexion constante sur la direction que prend notre vie, sur les choix qui la bâtissent. Les regrets qu'il ne faut pas avoir, même s'ils font partie de tout ça. Sur la vie tout court, sur le fait d’aller de l’avant, sur tout ça à la fois en bien écrit, en très bien écrit, en très plaisant, en palpitant, en génial. On est totalement pris dedans. Le procédé employé, une ligne temporelle décousue oscillant entre passé et présent, pourrait perdre le lecteur mais non, parce que la narration est impeccablement maîtrisée. Ce nouveau roman d'Hervé Commère est un excellent roman, tout simplement.