"Bodies... I'm not an animal !"
Au commencement, les Hommes créèrent la téléréalité. La téléréalité était rentable et vide, mais comme elle n’était pas assez rentable, une société de production américaine décida de créer J2.
J2 est un programme sans précédent dans l’histoire de l’humanité. En accord avec l’Eglise catholique, les producteurs ont récupéré de l’ADN de Jésus sur le Saint Suaire et l’ont cloné, porté par une mère choisie pour incarner la nouvelle Marie, mise sous la protection d’un ancien terroriste de l’IRA recruté pour sa foi inébranlable. Naissance, apprentissage, adolescence, le clone de Jésus baptisé Chris est partout sur les écrans, biberonné à la Bible et au créationnisme, parfois l’auteur involontaire de miracles montés par la société de production quand le programme a besoin de rebondissements. Mais quand sa mère, lassée de voir son fils utilisé comme un pantin générant des profits colossaux, se fait tuer par la production elle-même, Chris ne peut plus le supporter. C’est décidé, il fuguera et deviendra le chanteur du dernier groupe de Punk influent : les Flak Jackets.
Punk Rock Jesus pourrait être vu comme une simple bande dessinée iconoclaste, sauf que c’est tout le contraire. Sean Murphy livre une histoire poignante sur la liberté d’être, la liberté tout court, et crie tout du long que nous ne sommes ni des animaux, ni des esclaves profitables. Tandis que les dérives de la téléréalité sont au premier plan, les histoires de rédemptions sont légion chez les différents personnages qui ont tous quelque chose à se reprocher. Et surtout, malgré le chemin diamétralement opposé de Chris par rapport à Jésus, l’auteur parvient à imposer un parallèle diablement intelligent, comme un même destin qui se joue coûte que coûte. Quant au dessin… un chef d’œuvre de la sorte ne peut se résumer.