Fichtre, quel bijou !
Comme toujours avec Ellroy, c’est un crime que de devoir résumer un roman-fleuve aussi complexe et intense. "Perfidia", premier tome d’un nouveau "Quatuor de Los Angeles" précédant l’ancien, sert de préquelle au Dalhia noir et à ce qui s’en suit, on y retrouve Bleichert, Blanchard, Kay, Dudley et les autres, on retrouve l’ambiance, l’alcool, la corruption, les prostituées, les manipulations, les trahisons, les désespoirs, l’humanité qui n’en est plus. A ceci près que le cadre a tout pour nous mettre face à notre potentiel d’autodestruction. Nous sommes en décembre 1941, et les japonais viennent de bombarder Pearl Harbour. Ebullition, galvanisation, mobilisation, rixes à Little Tokyo, matraquage, haine collective et dans tout ça un meurtre, celui d’une famille japonaise, que l’on a aidée à se faire seppuku la veille du terrible évènement national. Parmi les enquêteurs, Hideo, japonais, tente de survivre à sa condition de paria malgré lui pour prouver qu’il est indispensable au LAPD.
Ellroy est un monstre littéraire à bien des niveaux, créant une intrigue multiple et complexe qui en plus, recoupe les informations du déjà très dense "Quatuor de Los Angeles" originel. C’est surtout un génie de la narration qui nous angoisse grâce à son style haché qui fait d’un roman de cette taille un page-turner que l’on regrette de ne pouvoir lire encore plus vite. Mais on ne le dira jamais assez, il n’y a pas de mots suffisamment forts pour décrire "Perfidia" d’Ellroy.